31 août 2014

3776m, le sommet du Japon

L’été se termine dans peu de temps avec l’arrivée du mois de Septembre. Cette transition marque également la fin de la période autorisée pour effectuer l’ascension de la plus haute montagne du Japon, le mont Fuji. Celui-ci haut de ses 3776 mètres, moins élevé que le mont Blanc (4810 m), n’est plus recouvert de neige de la fin Juin à la mi-Septembre, ce qui permet aux aventuriers d’un jour d’aller explorer son sommet. Une aventure inédite que j’attendais avec impatience.

Ce ne fut pas quelque chose de facile à décider. La période possible de quelques mois étant limitée, mon agenda difficile à planifier avec cette excursion en raison de toutes les questions que je me posais sur cette aventure et qui trouve difficilement réponses adaptées. Quel parcours choisir ? A quelle heure débuter la montée ? Quel est le degré de difficulté de l’aventure ? Comment se préparer aux effets de l’altitude ? Où vais-je trouver la location de l’équipement nécessaire ? Cela d’autant plus que je tenais à effectuer cette expérience sur 2 jours afin de voir le lever du soleil depuis le sommet… Finalement j’ai été sauvé en trouvant un tour organisé qui comprend le voyage, le matériel, la nuit en auberge, le repas, le guide en anglais et tout ça au départ de Tokyo. Je n’aime pas trop les groupes de visites touristique mais tant pis, ce sera cela où rien.

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Je pars donc le matin du Jeudi 28 Aout de Tokyo en direction de la face Nord du mont Fuji en espérant qu’il fasse beau. Deux heures seulement au départ de la capitale suffisent à rejoindre le pied du tant vénéré relief, dont on aperçoit une partie au milieu des nuages. Les bus amènent les sportifs d’un jour à se rassembler à hauteur de la 5ème station d’altitude qui se trouve à 2305m afin de se préparer à la montée qui nous attend. On y croise aussi des touristes, beaucoup (trop) de chinois, venus simplement photographier de plus près le paysage, d’autant que l’on se trouve déjà au-delà d’une couche basse de nuages. On en profite pour acheter quelques ravitaillements et souvenirs à prix d’or et rencontrer les compagnons de cordée. Je serai en compagnie quasi-uniquement d’anglophones : canadien, américain, anglais, néo-zélandais plutôt jeunes ainsi qu’un couple plus âgé d’asiatiques genre malaisiens et 2 guides japonais. A défaut d’observer des familles de japonais en excursion, ce sera une ambiance détendue.

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Midi passé et après quelques consignes du guide, nous voilà parti depuis cette fameuse 5ème station de la Subaru Line afin de rejoindre le tracé populaire et accessible du versant Nord nommé la Yoshida route. On avance en groupe donc à un rythme assez lent pour que tout le monde suive en faisant une pause toutes les 50 minutes afin d’attendre les retardataires et habituer le corps à l’altitude. Le temps est médiocre, plutôt nuageux avec une pluie faible mais pas trop gênante. Au moins, ce n’est pas la canicule d’il y a quelques jours et ce n’est pas plus mal. Le début de la route est plutôt simple, on arpente des chemins peu abrupts faits de lacés réguliers pentus ou en escaliers. Le sol est composé de terre sombre et de petits cailloux, le paysage est parfois brumeux mais agréable à voir lorsque l’on lève la tête pour observer le chemin sans fin qui nous attend.

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Au cours de l’ascension, il est possible de faire des pauses soit sur le bord du chemin si cela est nécessaire, soit dans les stations que l’on croise régulièrement. Démarrant à 5 pour nous, bien que je ne crois pas qu’il y en aient en dessous, elles sont numérotées jusqu’à 9, en passant même par la 8.5 ! Fait étrange, il faut savoir qu’il y en a plusieurs par niveaux et permettent de s’asseoir, de se ravitailler de quelques provisions voire de commander un plat pour des prix qui sont tout sauf raisonnables. 200 yens pour un snickers, 400 ou 500 yens pour une bouteille d’eau, 800 à 1200 yens pour des pâtes udon. Sans oublier les 200 yens à déposer dans un réceptacle non surveillé pour pouvoir utiliser les toilettes… Mais l’une des grandes activités de ces stations et le marquage de bâtons au fer chaud. En effet, il est possible au départ de la montée de se procurer un bâton de bois octogonal, ou une planche, pour environ 1000 yens il me semble, qui va servir à grimper mais surtout à apposer ces tampons de passages. L’opération est loin d’être gratuite puisqu’elle requière à chaque fois le délestage d’environ 400 yens à chaque station. Environ 15 stations sur le parcours, la collectionnite touristique revient aisément à plus de 5000 yens (45€) le souvenir.

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L’ascension se poursuit à partir de la 6ème station avec une progression plus physique. Le chemin devient moins balisé, bien que toujours fléché et situé entre des cordages, mais le relief naturel se fait ressentir. Il ne s’agit plus de lacets dans des couloirs tracés au bulldozer mais de la grimpette sur des sentiers rocheux. Remplis de pierres de différentes tailles dont certaines sont fixées par des barres de fer pour éviter l’accident provoqué par un éboulement, il faut enjamber les obstacles et trouver son équilibre pour progresser de rochers en rochers. Bien plus fatiguant, les moins aguerris physiquement commencent à souffrir. En revanche, comme l’on atteint doucement mais surement les 3000 mètres de hauteur, la vue qui s’offre sur la vallée devient magnifique à contempler et à photographier.

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La fin d’après-midi s’approche et l’on atteint à 17h passée, après environ 5h de randonnée les auberges situées au niveau de la 8ème station, à environ 3400 mètres d’altitude. La dernière demi-heure de montée fut plus éprouvante pour moi, la fatigue apparaissant, le corps commençant à tirer et un petit mal de crâne et mal au ventre me tiraille. Sont-ce les effets de l’altitude ? Toujours est-il que l’accueil des voyageurs à la station est remarquable, le personnel vous invite à vous asseoir, vous aide à dévisser vos bâtons et nettoie la pointe, frotte votre sac et votre veste pour essuyer les quelques gouttes de pluie et vous remet un sac pour ranger vos chaussures sales ! Direction pour la découverte de votre emplacement pour la nuit… Un sac de couchage parqué comme des sardines avec seulement 80cm de largeur serré les uns contre les autres. Cela coûte au bas mot 8000 à 10000 yens (70 à 90€) en temps normal avec deux repas, toilette payante comme partout. La nourriture justement, un riz avec bœuf au curry, difficile à manger dans l’état auquel je me trouvais mais après quelques grandes respirations de bouffées d’air frais miraculeuses, j’ai pu me restaurer un peu.

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Lendemain matin, réveil à 1h du matin après une nuit difficile. Départ prévu en pleine nuit à 2h, c’est l’attroupement dehors et malgré que nous soyons un vendredi matin, nombreux sont les Japonais à tenter l’expérience d’admirer le lever du soleil. Lampe torche collée au front, gants, bonnets ou coupe-vent, tout est bon pour affronter les dernières centaines de mètres jusqu’au sommet. L’ascension se fera lentement car le chemin est vraiment bondé, c’est impressionnant ! On avance en file indienne, les uns derrière les autres dans la nuit noire et un froid glacial, c’est au final ce qui me gênera et me surprendra le plus dans cet ascension, car j’ai vraiment ressenti les mains glacées, la goutte au nez qui se solidifie, le vent violent au raz de la montagne qui vous atteint le visage.

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4h30, ça y est, nous sommes en haut, en vie et nous l’avons fait jusqu’aux environs des 3700 mètres. Une boutique est présente ici pour vendre à prix d’or mais c’est bien nécessaire, quelques boissons chaudes, cannettes de l’affreuse soupe de maïs ou du saké sucré. Direction le point culminant en arpentant l’arrête autour du cratère de ce majestueux volcan. Uns stèle permet d’immortaliser le moment et de graver en image la performance face à l’horizon où le soleil commence à illuminer le ciel. Le ciel n’est pas vraiment dégagé alors l’on ne voit pas clairement l’astre apparaitre comme dans les plus belles images mais ce n’est pas grave, la scène a tout de même son charme en arborant quelques teintes rosées. Difficile de prendre des clichés satisfaisant avec les doigts congelés mais les souvenirs sont là.

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Il est temps de redescendre vers 7h avec la douceur du jour qui refait son apparition à ma grande joie. Le sentier est vraiment agréable proche du début de la montée fait de graviers noirs avec quelques cailloux. On descend tous ensemble jusqu’à notre auberge de la 8ème station avant de se faire une petite course jusqu’au retour au bus. Je suis frais et dispo, c’est parti en alternant pour ma part petite foulée et marche rapide, le retour qui devait théoriquement selon les panneaux d’indication mettre environ 2 heures 30, ne m’a pris que 45 minutes ! Fier de moi mais le guide habitué à cela accompagné d’un jeune athlétique n’ont mis que 30 minutes et plus de 2 heures pour le dernier du groupe.

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Quelle expérience unique que je ne regrette pour rien au monde. A la fois moins difficile physiquement que je ne l’imaginais mais terrible par le froid ressenti durant la nuit, je le conseille à tous afin de dire comme moi : je l’ai fait ! やった!

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2 commentaires:

Noémie G. a dit…

Super article ! Super aventure ! Bravo, ça avait l'air éprouvant. La superbe récompense de fin doit faire oublier les souffrances endurées.

fulo a dit…

Oui c'est très plaisant d'être au sommet et de contempler le spectacle. Mais je garde tout de même en tête le froid que j'ai ressenti en pleine nuit. Mais sans cette difficulté, l'épreuve n'aurait sans doute pas la même valeur d'accomplissement et de bravoure ?