1 oct. 2014

Tournoi de Sumo, sport ancestral

Quand on pense sport japonais, on pense arts martiaux (judo, karate, kendo), quand on est sur place, c’est le baseball qui a la côte auprès des médias, du public et des activités sportives des écoliers. Une autre activité sportive fait partie intégrante de l’imaginaire nippon car fait de mystère et si particulier qu’on ne le trouve qu’ici, ce sont les combats de Sumo. Diffusé à la télévision durant les après-midi, il y a 6 grands tournois au cours de l’année dont 3 se déroulent à Tokyo où j’ai pu obtenir un ticket pour observer cela.

Ce ne fut pas simple d’obtenir mon entrée bien que cela soit très accessible. Bien conscient de l’aspect culturel et touristique qui se dégage de cet évènement, il est possible d’acheter des places via un site tout en anglais et de payer par carte bancaire. Plusieurs catégories de sièges existent dont des blocs de 4 personnes à prix onéreux. Pour moi, je m’y prend un peu tard, plus de sièges non plus disponibles, il ne me reste plus qu’une solution, arriver en avance le jour de mon choix à l’ouverture des caisses et acheter à bas coût (2.200 yens environ 20 euros) un siège non numéroté du dernier rang. Cela correspond bien au budget que je veux allouer à cette expérience et à ma façon de procéder.

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Je me doute bien qu’il va falloir y aller tôt et faire la queue avant l’ouverture des caisses à 8h, pour obtenir le droit d’acheter le sésame. Un peu fatigué, je ne présente pas sur les lieux le Vendredi et arrive malheureusement 30 minutes trop tard le Samedi. Plus le choix, Dimanche est le dernier jour du tournoi donc je me rends à Ryogoku, au Kokugikan à 6h20 ! Il y a déjà une belle file d’attente mais ça a l’air d’être possible car il ne semble pas y avoir encore les un peu de plus de 300 personnes qui pourront acheter les fameux billets bon plan. J’ai le numéro 266, ouf. L’ouverture des caisses se fait sous les coups répétés du Taiko (tambour japonais) qui accueillent les visiteurs.

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Il y a des combats tout au long de la journée mais le matin et le début d’après-midi sont consacrés à des catégories inférieures semi-amateures pour arriver aux principaux combats qui sont diffusés en direct à partir 16h, avec les stars de la division « Makuuchi ». J’entre dans l’arène à 11h et c’est plutôt vide et calme pour l’instant malgré la présence de combats en cours. Je ne sais pas ce qui donne envie à certains japonais ou autres nationalités, de devenir sumos car je n’ai jamais rencontré d’adeptes de ce sport ni même l’ayant pratiqué. Cela se fait-il suite à des dispositions physiques hors de la norme du gabarit moyen nippon ?

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Je profite de l’attente pour visiter un peu le lieu de la fête où l’on trouve quelques stands de vente avec de la nourriture et des rafraichissements comme pour tous sports mais aussi des boutiques de produits dérivés. Il faut avouer qu’il n’y a que là que l’on vit Sumo, je n’ai jamais croisé d’endroits propice à cette passion alors c’est l’occasion idéale pour les visiteurs et fans qui commencent à arriver en nombre. L’autre attraction des allées du stade est le restaurant qui vous sert pour 250 yens (2 euros) un bol de « chanko-nabe ». Ce bouillon fait de légumes et de quelques morceaux de viande bouillie ne semble pas différé grandement d’autres plats japonais mais est apparemment très nutritif et constitue la base de l’alimentation des sumos, avec de grands bols de riz en accompagnement j’imagine. Plutôt bon goût avec un bouillon qui a l’air en effet très gras.

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A partir de 14h, c’est aussi un évènement important qui se déroule aux abords du lieu avec l’arrivée des athlètes principaux qui combattront dans quelques heures, l’occasion de les voir de près, leur carrure étant importante. Ils arrivent tranquillement en marchant au milieu de la foule, le regard sérieux et concentré vêtus d’un yukata, de sandales japonaises et d’un sac à main type plage pour emmener leurs affaires. Le public est en admiration et applaudi les stars du jour. Quelques minutes après, on les retrouve sur l’aire de combat pour une petite parade arborant un habit d’apparat, ils forment un cercle autour du rond de combat face aux spectateurs puis se tournent l’intérieur, lèvent les bras avant de s’en retourner se préparer.

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Il est 16h, le stade est plein, les gens consultent la feuille des affrontements qui défilent les uns après les autres. Les combats ont lieu sur le promontoire central où se trouve le cercle de combat. Quatre arbitres sont assis de chaque côté habillés en costume noir et blanc, un autre est debout auprès des lutteurs dans un costume traditionnel coloré. Six sumos sont constamment dans l’arène, 2 au combat dans le cercle, puis les 4 autres pour les 2 combats suivants assis aux côtés des arbitres. Ainsi les matches s’enchainent les uns après les autres après qu’une personne appelle et/ou présente les combattants sous forme d’un cri chanté qui n’est pas sans me rappeler les dialogues de bunraku. Entre deux combats, les balayeurs interviennent pour embellir la surface sableuse ou terreuse du sol.

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Assez simplement, le principe est de faire sortir son adversaire du cercle qui s’il dépose un appui en dehors de la corde qui délimite la zone perd le combat. Cela se termine également lorsqu’un des deux athlètes perd l’équilibre et chute au sol. Ce sont deux masses qui se font face et s’affrontent après de longs préparatifs, surtout pour les stars de la discipline. En effet cela commence, chacun dans son coin du ring par quelques mouvements dont notamment le célèbre étirement qui consiste à écarter les jambes puis à passer le poids de son corps sur un seul des appui pour lever très haut l’autre jambe avant de la faire retomber sur le sol. D’un côté et de l’autre, puis ils récupèrent une poignée de sel, se retournent pour la jeter dans le cercle afin de le purifier. Ensuite les lutteurs se dirigent vers la marque blanche au sol, refont ce mouvement typique, nettoie du pied la ligne, s’accroupient pour se faire face comme si le combat allait débuter mais pas du tout. Ils se relèvent, retournent au coin du promontoire sous les applaudissements et cris, se tapent les fesses, la ceinture ou l’abdomen, rejettent du sel et retournent au centre, cela 2 ou 3 fois de suite, ce qui prend bien 5 minutes minimum.

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Soudain, d’un coup d’un seul, sans un seul mot ou geste apparent de l’arbitre, l’un des combattants touche le sol du poing, ce qui marque le début du combat. Les deux sumos se propulsent en avant l’un contre l’autre pour se repousser à grands coups de main. A certaines occasions ils se figent dans les bras l’un de l’autre en équilibre et tentent d’agripper la ceinture pour essayer de faire progresser le combat à leur avantage tout en évitant d’être déséquilibré. Pas de balayette ni de prises particulières, il suffit d’utiliser sa masse et sa force pour repousser l’adversaire, si besoin finir en le soulevant lorsqu’il est retenu le long de la corde et le déposer derrière. La période intense du combat est très souvent expédiée en moins de 20 secondes en moyenne, 5 pour les plus courts, 1 minute tout au plus pour ceux qui durent. Tout comme le baseball, 10 bonnes minutes de concentration et préparatifs pour 10 secondes d’intensité qui sont parfois spectaculaires lorsque ces êtres volumineux tombent jusqu’au pied des arbitres et spectateurs les plus proches emportés par leurs poids.

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Le cérémonial regorgent également de moments indescriptibles pour un étranger comme lorsque 3 sumos montent sur la scène et font leurs mouvements synchronisés, celui du milieu avançant sur les lignes en faisant glisser ses pieds tout en se relevant. Ou la cérémonie post-tournoi où un combattant se fait remettre un morceau de bois arqué et le fait tourner à toute vitesse. L’imagerie des poses semble centenaires, très symboliques et méritent d’être observés. Enfin après 18 heures, arrive la fin du tournoi et des prix sont remis, notamment à j’imagine le grand vainqueur qui repart avec des dizaines de trophées et coupes de la part des partenaires comme Coca-cola par exemple ! L’occasion d’aller voir de plus près.

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Toutes les traditions ancestrales nippones se retrouvent dans cette pratique notamment en toute fin de journée où les arbitres et de jeunes athlètes viennent boire du saké, et porter l’arbitre (représentant les dieux à ce que j’ai compris) en triomphe.

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Un spectacle à voir malgré une compréhension difficile des détails qui se déroulent sous nos yeux curieux.

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