En ce début d’année, le deuxième lundi de Janvier soit le 12 pour 2015, est une date particulière pour la jeunesse japonaise et pour l’ensemble de la nation. C’est ce jour, férié pour l’occasion que l’on fête la fin de l’adolescence de milliers de personnes dans tout le pays et qui désormais seront considérées comme des adultes responsables.
L’entrée vers l’âge de la majorité, c’est de ce passage symbolique au cours de la vie dont il est question lors du Seijin no hi. Contrairement à l’occident où c’est la fête d’anniversaire qui à 18 ans pour les jeunes Français marque cette étape, au Japon une célébration civile empreinte de traditions a lieu, comme lors de nombreux évènements typiques nippons. Ainsi tous les jeunes résidents de chaque municipalité qui ont eu 20 ans ou l’auront avant la fin de l’année scolaire en cours, depuis Avril de l’année précédente, sont conviés à se réunir pour une cérémonie. Oui 20 ans, c’est ainsi au Japon.
En l’honneur de cette festivité, est venu le moment de revêtir un kimono traditionnel. Moment charnière pour le tout nouvel adulte en devenir, joie pour les familles, fierté et respect de la part des autorités locales envers ces nouveaux citoyens responsables et surtout bonheur pour les passants, photographes et observateurs dont je fais partie qui va pouvoir profiter du spectacle. Ainsi les filles arborent en général pour la première fois le furisode, un kimono spécial que l’on porte que pour les grandes occasions. Elles débarquent tour à tour à bord des taxis qui arrivent devant le lieu de rassemblement prévu par la mairie qui a envoyé une invitation à chaque personne. Le spectacle qui a lieu se compose apparemment d’un programme enchainant musique, discours officiel et autres choses dont le mystère restera pour ceux non conviés. Le tout dure 2 heures avant de voir sortir les jeunes filles notamment.
L’habit porté est d’une confection toute particulière affichant de splendides motifs colorés imprimés sur le tissu ainsi qu’un nœud dorsal imposant. Elles portent également une collerette de fourrure que je n’ai vu qu’à cette occasion ; ainsi je ne sais pas s’il fait partie de l’accoutrement de circonstances ou s’il est simplement dû à la fraîcheur de la saison actuelle. Mais l’aspect le plus différenciant d’autres habits traditionnels sont les longs pans de tissus accrochés sur les manches et qui se dévoilent au grand jour lorsque la jeune femme tend les bras. La coiffure intégrant une parure florale, le maquillage et la manucure sont également longuement préparés durant la matinée, sans oublier de sortir avec à la main un petit sac assorti et une paire de sandale japonaise. La jeunesse accro à la modernité étant ce qu’elle est, le smartphone s’est ajouté au tableau.
Les hommes sont en majorité plus conventionnels et attirent moins l’attention car portant simplement un costume de ville avec la cravate tel un homme urbain moderne de l’ère économique mondiale dans laquelle nous sommes. Cependant certains rares courageux peut-être poussé par leurs proches ont eu l’audace de se reposer sur les bases d’un Japon plus historique en portant également un kimono traditionnel, le hakama. Il s’agit notamment d’une jupe plissée recouvrant les jambes et d’une veste de soie par-dessus. L’ensemble de ces costumes valant une somme relativement élevée de plusieurs milliers d’euros, la plupart des familles louent la tenue pour cette journée. Il est alors évident que la séance photo s’impose pour immortaliser l’évènement unique dans la vie. Comme lors du shichi-go-san pour les enfants, une visite familiale au temple peut avoir lieu.
Mais l’autre point important de la journée est bien sûr les nouvelles possibilités qui s’offrent à ces jeunes : la liberté d’être un adulte mûr. Ainsi il est fréquent de poursuivre la journée par une soirée entre amis pour profiter. Il est en effet possible pour eux désormais de consommer librement de l’alcool, de fumer sans contraintes, de découvrir des loisirs d’adultes tels que le pachinko, sorte de machines à sous verticales ou même des nombreux lieux de divertissements de l’industrie sexuelle de la nuit. Il est ainsi populaire de penser selon une légende urbaine que ce jour est source de danger dû à l’abus d’alcool et l’excès de liberté pris par ces groupes de jeunes parfois jusqu’au bout la nuit donne libre cours à des folies déraisonnables.
Toujours est-il que je n’ai rien remarqué de ces cas extrêmes mais j’ai plutôt profité de ces splendides images que l’on se fait du Japon lorsque l’on recroise plus tard dans la journée des jeunes femmes costumées au milieu de la jungle urbaine d’un Tokyo rempli de modernité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire