L'état d'esprit Japonais

En ce moment pour les Jeux Olympiques, comme à d'autres moments de rassemblement internationaux, j'observe aussi bien les représentants Français qui défendent les couleurs de mon pays que les Japonais. Je suis ravi et déçu dans les deux cas pour les victoires et défaites, et si les deux se retrouvent face à face, ça m'est très plaisant d'y prêter attention sans avoir de préférence. Mais cela me permet aussi de reconnaître par petites touches les mimiques et particularités du Japon que je trouve différentes des autres pays.

Ainsi, on peut noter aisément le peu de bruit médiatique que font les Japonais sur ces évènements internationaux alors qu'ils ne déméritent pas sur certaines disciplines. En tout cas leur performance souvent très maitrisée ne permet pas d'en tirer des moments notables du fait de leur relative absence d'égo ou de sens du show, en victoire comme en défaite. A peine un poing serré et un visage radieux pour une victoire satisfaisante et tout juste un regard au sol face à la défaite. Pas de saut de joie ou d'effervescence notable ni de coup de sang ou de polémique. Le japonais se doit d'être droit, de faire preuve d'humilité et sa réussite ne sera due qu'à sa seule persévérance et à un accomplissement du groupe.
J'en profite pour évoquer la finale homme de snowboard halfpipe de Sochi 2014 qui a vu l'hyper favori américain Shaun White terminer à la 4e place. Derrière, ce devrait être une joie immense d'accomplissement de figurer sur le podium devant lui... Voici les réactions des intéressés : I. PODLADTCHIKOV (Suisse, nouveau champion olympique), Ayumu HIRANO, médaillé d'argent et Taku HIRAOKA, médaillé de bronze. Une discipline pourtant jeune, à forte influence occidentale où une place importante est faite au style personnel.

Pour mieux cerner cette culture, il est plus facile de l'expliquer par la théorie du contraire, c'est à dire en citant l'image que ne renvoie pas le "gaijin", terme à connotation légèrement péjorative pour nommer l'étranger, celui de l'extérieur. Soyons clair dès le début, le gaijin n'a pas été forgé par la culture nationale, et bien qu'il semble la maitriser après plusieurs années d'abnégation, il restera toujours un gaijin, quelqu'un de différent. En l’occurrence il n'a pas l'esprit d'unité du groupe, où l'individu s'efface devant la communauté, son ego est toujours perceptible. Celui-ci le poussera se mettre en avant personnellement et à chercher à évoluer individuellement, à en oublier que ses compétences ou que le résultat de son travail ne sont là que parce qu'une équipe lui a permis d'en arriver là. L'absence de Japonais à la tête d'entités économiques mondiales (grand PDG d'entreprises internationales, directeurs organisations mondiales) ou dans le classement des plus riches personnalités en est une conséquence.

L'étranger pourra parfois manquer de respect et s'emporter face à une déconvenue. De toute façon, dans l'esprit Japonais, on ne doit pas se mettre en avant alors, on assume. En cas d'erreur, le gaijin va chercher à se tirer d'affaire rapidement en démissionnant, en se faisant limoger, en mentant sur les réalités de ses actes, en refusant de s'excuser tout en recadrant son tir afin de se congratuler de sa propre nouvelle décision. Ainsi, au Japon l'esprit du code des samurais est encore bien présent sous différentes formes. On a jamais vu en dehors du Japon, de dirigeant de société reconnaitre des erreurs stratégiques/commerciales, de stars se châtier pour avoir eu une liaison cachée, de premier ministre démissionner de son plein gré face à l’échec de choix politique ou suite à un scandale.

Les japonais sont régulièrement décontenancés devant les réactions des gaijins en face desquels ils se disent qu'ils ne pourront jamais réellement leur accorder une confiance totale. L'une des réactions pointée du doigt parmi les plus récentes concerne la période post-tsunami 2011 qui a vu voir partir les étrangers par avions entiers, ainsi surnommés "flyjin" (celui qui s'envole), affront d'un profiteur individualiste qui quitte la terre qui l'a accueillie à la moindre faille.